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Le Calibre Différentiel Pecqueur Motorists
Dual Time LTM 5021

  Par Hubert de Haro

Construire un nouveau calibre exige parfois de l’audace, souvent de la ténacité. Dans le plus grand des secrets, un fabricant installé dans le Val-de-Travers achève les premiers prototypes d’un étonnant mouvement mécanique. Voyage à la découverte du nouveau calibre LTM 5021, premier acte public du projet «Pecqueur Motorists».

L’écosystème horloger ne se résume pas à quelques grands groupes. Produisant tout au plus une centaine de montres par an, des entreprises indépendantes prouvent au quotidien qu’il est encore possible de concevoir un calibre original, en s’appuyant sur un réseau de fournisseurs dense et dynamique.

Parmi eux, la discrète structure «Le Temps Manufacture» (LTM) propose, à une vingtaine de clients, six calibres mécaniques – à remontage manuel et automatique – entièrement conçus et développés en interne. Établie dans le Val-de-Travers, cette société fondée en 2008 par Sylvain Jacques occupe près de cent employés répartis entre Fleurier et Couvet.

Ces «motoristes», comme on les surnomme parfois, ont été choisis par BPM Group (Bornhauser Performance Motors, un autre «motoriste»), dont le fondateur Patrick Bornhauser a donné vie au projet ambitieux «Pecqueur Motorists». L’acte premier de ce partenariat industriel verra le jour au printemps, durant la période des salons genevois, avec la présentation de la première montre Pecqueur, réservée aux membres du Club «Pecqueur Motorists» (lire notre précédent article à ce sujet ici).

Le mouvement Pecqueur LTM 5021, vue de dessus
Onésiphore Pecqueur: incontournable oublié des arts mécaniques
 
Malgré un prénom tout à fait singulier, l’œuvre de l’horloger scientifique Pecqueur demeure pratiquement inconnue. Et pourtant, celui-ci a breveté en 1828 un mécanisme qui équipe aujourd’hui toutes les voitures à traction mécanique: le différentiel. Selon ses propres mots, il s’agit d’un «mécanisme qui partage la puissance sur les deux roues arrière sans nuire à leur indépendance».
Considéré à son époque comme le premier ingénieur automobile, chef des ateliers du Conservatoire des arts et métiers de Paris, il reçoit la médaille d’or à l’occasion de l’Exposition des produits de l’industrie française en 1823. Grâce aux «rouages Pecqueur», pour reprendre les mots du jury de l’époque, «on peut résoudre une foule de problèmes mécaniques à la solution desquelles les arts industriels sont directement intéressés». Rien de moins. Une découverte cruciale et prometteuse pour Patrick Bornhauser, passionné par l’univers des arts mécaniques et arrière-petit-fils d’un maître-horloger suisse.

«Le plus grand défi lors du développement de ce calibre a été l’intégration du différentiel ‘originel’ dans un mouvement horloger, en raison de son volume imposant.»

Montage du différentiel Pecqueur

Le différentiel comme clef de voûte

«Le mécanisme du différentiel va être le fil conducteur de tous nos développements horlogers»: Hamdi Chatti, en charge du développement du projet horloger du club Pecqueur Motorists, donne le ton. Le cahier des charges pour la première montre Pecqueur ne pouvait donc pas être plus clair: mettre systématiquement en valeur ce mécanisme ingénieux, fil conducteur de toutes les réalisations horlogères à venir, telle la clef de voûte d’un bel édifice en devenir.

Vue éclatée du mécanisme de différentiel sur le Calibre Pecqueur LTM 5021 qui équipera
le premier modèle Pecqueur Motorists qui sera dévoilé ce printemps.
À ce jour, d’autres horlogers, notamment Philippe Dufour ou Greubel Forsey, ont eu recours au même mécanisme dans des mouvements tout à fait spéciaux, puisqu’équipés de deux échappements. Le différentiel a dans ce cas pour fonction d’obtenir la moyenne de marche entre les deux échappements, un peu comme le ferait une ancienne balance à poids. On le retrouvera encore dans le brevet européen Nº EP2264551B1, où il permet une optimisation de la fonction de réserve de marche.
Toutefois, la construction du différentiel du Calibre Pecqueur LTM 5021 est radicalement différente de ses proches cousins. On a soigneusement évité l’écueil de la copie. «Le plus grand défi lors du développement de ce calibre a été l’intégration du différentiel ‘originel’ dans un mouvement horloger. Bien que ce différentiel apporte une plus-value non négligeable lors des corrections, son intégration a dû être pensée dès le début du projet à cause de son volume imposant», nous explique Yoann Paulin, chef de projets chez LTM.
Au premier regard, le résultat obtenu par les équipes de LTM évoque immédiatement la solution historique d’Onésiphore Pecqueur. En décryptant l’esprit Pecqueur, les ingénieurs constructeurs de LTM revendiquent un pédigrée, une lignée. Leur audace leur a permis de s’éloigner de toutes les solutions techniques contemporaines. Les amateurs de belles mécaniques les en remercieront d’autant plus que le Calibre Pecqueur LTM 5021 se limite à une épaisseur de 7,75 mm, une véritable prouesse horlogère lorsque l’on considère l’espace seul occupé par le «rouage Pecqueur».

Considéré comme le premier ingénieur automobile, Onésiphore Pecqueur dépose en 1828 le brevet d’un mécanisme qui équipe aujourd’hui toutes les voitures à traction mécanique: le différentiel.

Le mouvement Pecqueur LTM 5021, vue de dessous

Au service du GMT

Le différentiel du Calibre Pecqueur LTM 5021 est mis au service d’une fonction essentielle au voyageur: une deuxième indication des heures. Cette fonction est parfois appelée Dual Time (littéralement «deuxième heure») ou GMT (Greenwich Mean Time), du nom de l’heure moyenne au méridien de Greenwich, standard absolu pour les 43 fuseaux horaires actuellement utilisés dans l’ensemble des régions du globe. On pourra y voir un joli clin d’œil à la première pendule construite par Onésiphore Pecqueur. En effet, celle-ci présentait sur deux compteurs distincts l’heure légale et l’heure sidérale.

Le Calibre Pecqueur LTM 5021 avec son module GMT

Mais en quoi le différentiel se révèle-t-il si intéressant pour une indication GMT?

«L’intérêt du différentiel dans le Calibre Pecqueur LTM 5021 est de ne pas perturber la marche lors de la mise à l’heure du GMT», nous explique Hamdi Chatti. En d’autres termes, le couple balancier-spiral continue à osciller alors même que l’utilisateur manipule la fonction Dual Time. Cette solution horlogère offre l’immense avantage de préserver l’isochronisme de la future montre Pecqueur, à savoir la régularité de la vitesse de l’organe réglant de l’échappement au cours des 60 heures de réserve de marche.

Affichage du fuseau horaire sur la montre Pecqueur Motorists
Affichage du fuseau horaire sur la montre Pecqueur Motorists

«Le premier poussoir permet le réglage du numéro du fuseau seul alors que le second poussoir permet le réglage synchronisé du numéro du fuseau ainsi que l’heure du deuxième fuseau horaire», détaille Yoann Paulin. Et c’est bien là que réside l’autre avantage considérable de la «complication Pecqueur»: permettre une lecture pratiquement instantanée de l’heure choisie comme deuxième fuseau horaire, tout en préservant l’exactitude de l’heure locale.

«L’intérêt du différentiel dans le Calibre Pecqueur LTM 5021 est de ne pas perturber la marche lors de la mise à l’heure du GMT.»

La construction audacieuse du Calibre Pecqueur LTM 5021, 100% Swiss made, puise dans un répertoire historique de première importance. Les ingénieurs constructeurs ont en effet reconstruit intégralement les engrenages du différentiel, et ce dans l’esprit de leur inventeur: Onésiphore Pecqueur.
L’harmonie qui se dégage des 237 composants du Calibre Pecqueur LTM 5021 s’annonce comme l’une des révélations horlogères de ce printemps, et saura combler les privilégiés connaisseurs du club «Pecqueur Motorists».