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La légende Onésiphore Pecqueur

Le 1er ingénieur automobile était un horloger

Précoce, la légende veut qu’Onesiphore Pecqueur ait complété son apprentissage horloger à Paris en quelques mois seulement, au lieu des quatre années requises. En 1818, son nom apparaît dans les registres de l’Académie française des sciences. Il y propose une ingénieuse solution mécanique permettant de résoudre toute équation à deux nombres premiers, y compris les nombres supérieurs aux centaines de milliers. Cette prouesse indéniable éveillera la curiosité de plusieurs académiciens.

Alors qu’il attend l’approbation définitive de l’Académie à son «équation mécanique», il présente à l’Exposition des produits de l’industrie française de 1819 une pendule indiquant le temps sidéral et le temps moyen. Le jury, composé entre autres d’Abraham-Louis Breguet, lui décerne une médaille d’argent pour l’invention d’un rouage qui «maintient les deux mouvements qui communiquent entre eux dans les rapports de vitesses convenables».

À première vue anodine, cette découverte aura des répercussions considérables, bien au-delà de la sphère horlogère.

Le 25 août 1823, le Palais du Louvre ouvre ses portes à la cinquième «Exposition des produits de l’industrie française».» Dans la salle dédiée à l’«horlogerie fine et ornée», le jeune Onésiphore Pecqueur – expose côte à côte avec Antide Janvier, Lépine, Perrelet ou encore Rieussec. Le jury décide de lui décerner la plus haute distinction de sa catégorie, la médaille d’or. Ses concurrents devront se contenter de l’argent (frères Berthoud) et du bronze (Rieussec).

Cette médaille récompense l’horloger et anticipe déjà les nombreuses répercussions industrielles des «rouages de Mr. Pecqueur»: «On peut en tirer un grand parti pour corriger les irrégularités de vitesse d’une machine à vapeur, d’une roue hydraulique, pour partager une résistance quelconque entre deux moteurs dans une proportion déterminée; enfin, pour résoudre une foule de problèmes de mécanique à la solution desquels les arts industriels sont directement intéressés.» Grâce aux «rouages Pecqueur», pour reprendre les mots du jury de l’époque, «on peut résoudre une foule de problèmes mécaniques à la solution desquelles les arts industriels sont directement intéressés». Pecqueur dévoile plusieurs applications concrètes qui couplent engrenages et vapeur, cette nouvelle force motrice, pierre angulaire de la révolution industrielle en cours.

Le 25 avril 1828, les « engrenages Pecqueur » font à nouveau parler d’eux. Pecqueur dépose le brevet d’un tout nouveau chariot à vapeur qui le projettera dans l’histoire… du monde automobile.

En termes pratiques, la force motrice du chariot – une machine à vapeur installée à l’avant – est transmise aux deux roues de l’essieu arrière par un arbre central. Celui-ci est solidaire des arbres des deux roues arrières par l’intermédiaire d’un «mécanisme qui partage la puissance sur les deux roues sans nuire à leur indépendance», selon la description même de Pecqueur. Et c’est bien là que réside son principal intérêt: lors d’un virage, la roue intérieure ralentit tandis que la roue extérieure augmente proportionnellement sa vitesse.

Cette invention, baptisée plus tard « Différentiel mécanique », est aujourd’hui encore très largement utilisée par les constructeurs automobiles. Rares sont les inventions issues de l’horlogerie qui peuvent prétendre avoir eu un tel impact. Selon ses propres mots, il s’agit d’un «mécanisme qui partage la puissance sur les deux roues arrière sans nuire à leur indépendance».

A juste titre, Onésiphore Pecqueur fut et reste considéré comme le premier ingénieur automobile